--- 35 000 ans avant notre ère ---Ochto avançait rapidement dans les hautes herbes humides par la rosée matinale. Comme un souffle de vent, il se frayait un chemin avec aisance et dans une discrétion absolue. Soudain, il s'arrêta. Plaqué à plat ventre, il resta immobile, telle une statue, le souffle lent. Ses yeux par contre balayait les environs, d'une mobilité sans pareil. Puis il se releva et réentreprit sa course folle. Bientôt les hautes herbes laissèrent leur place à une vaste plaine rocheuse. Il se colla à un rocher et de nouveau resta sur place sans bouger. Il huma l'air. Ses narines s'ouvraient et se refermaient comme le museau d'un chien sentant le danger tout près de lui. Sa main empoigna plus fermement sa lance à la lame en silex. Le temps jusqu'ici radieux et doux commençait à devenir orageux. L'air se faisait plus chaud et lourd. Ochto prit sa respiration et dans un cri rauque, il sortit d'un bond de sa cachette et s'élança sur le bison qui ruminait non loin. Il faisait face à l'animal imposant. Il risquait sa vie mais il devait chasser et ramener de la nourriture pour nourrir sa famille. Le bison fit face à l'homme de cro-magnon. Le combat qui allait suivre se promettait violent et rude. Mais Ochto, bien qu'ayant peur, ne recula pas. Il serra les dents et allait se jeter sur sa proie quand un bruit sourd gronda dans le ciel. Ochto releva la tête tandis que le bison prit la fuite, apeuré par le bruit. L'homme n'en croyait pas ses yeux...
--- 6 juin 1944 / Au large des côtes normandes ---La mer était houleuse et grise. Les nuages bas. Le vent se levait. Et finalement, les vagues se dressaient devant les centaines de navires qui faisaient route sur les côtes normandes. La pluie s'abattait sur le casque et les armes des soldats dont le regard était fixé sur l'horizon où apparaissait petit à petit les côtes de la Normandie. Ils savaient tous que là-bas, un tragique destin les attendait...
Cole serrait dans ses doigts gelés par le vent sa croix qu'il avait autour de son cou. Il murmurait rapidement une sorte de prière, ses yeux fixant le vide devant lui.
" Hé ! "Une main s'était posée brusquement sur son épaule.
" Qu'est-ce que tu fabriques ? "Cole ne répondit rien. Il ne prêta pratiquement aucune attention à son interlocuteur et continua à marmonner.
" Ha ! T'as les boules, c'est ça ? Ouai, tout le monde flippe ici. Pas étonnant après tout. On part tous à l'abattoir ! Direction l'Enfer sans interruption ! Hahaha ! "Et puis une voix résonna dans tout le bâtiment naval. Ça y est. On annonçait que le débarquement était proche. Parmi tous ces jeunes soldats, certains se mirent à pleurer, d'autres à prier, certains s'évanouir, plusieurs tentèrent de sauter à la mer. La seule chose commune, c'était cette frayeur qui régnait et qui se lisait sur tous les regards. Les terres n'étaient plus très loin. Une sirène retentit. Le souffle des hommes se dissipait dans la fraîcheur de l'air, comme si leur âme commençait à quitter leur corps, annonçant leur mort prochaine.
Le ciel déjà bien gris s'enveloppa dans un voile noir remplit de ténèbres. Et sans prévenir, un grondement sourd éclata, déchirant la voute céleste. Cole, ainsi que tous les autres levèrent les yeux au ciel et leur visage laissa apparaître une peur bien plus horrible que la précédente...
--- Lieu : inconnu / date : inconnue ---Les trois ombres se faufilaient avec discrétion dans le tunnel rocheux. Rasant la paroi humide, elles avançaient avec la plus grande prudence. La tension dans le groupe était palpable. Karoald était en première ligne, un peu détaché des deux autres. Il tendait l'oreille à chaque pas en avant. Derrière lui se trouvait Kilian, qui n'était pas un adepte de la discrétion mais qui après une longue dispute avec les deux autres, a fini par accepter cette option (en échange d'une petite gâterie de Carla...). Et enfin, Carla fermait le bal, ses deux pistolets à la main.
Le petit groupe progressait donc lentement quand un bruit sourd vint détruire le silence. Une lueur rougeoyante éclaira le tunnel et une boule de feu fusa vers eux. Sans perdre une seconde, Karoald plongea sur le côté et décocha une flèche dans la direction du tir. Kilian, surpris de la décision de l'éclaireur se prit la boule de feu en plein visage. Carla hurla à plein poumon et se mit à arroser la zone en tirant comme une folle dans l'étroit tunnel et blessa Karoald dans le dos. C'est alors que derrière eux une troupe de zombis avançaient pour les massacrer et...
" Je suis pas d'accord ! "" Qu'est-ce qu'il y a ? "" Pourquoi je me prends la boule de feu ?! J'ai pas le droit à un jet de réflexe pour savoir si je l'évite ? C'est toujours moi qui me prends les balles perdues ! " " Et moi alors ?! L'autre guignol me tire dessus, tu crois que c'est mieux ? "" Héhéhé ! "" Et pis d'abord, Topher avait fait un critique en perception auditive ! "" Ouai, c'est vrai ça ! Pourquoi j'ai rien entendu ! "" Rho, vous m'énervez à la fin ! J'avais aussi fait un critique en discrétion, voilà ! "" Comme par hasard... "" Hé mais il s'agit du mage noir, j'y peux rien ! Il est puissant ! C'est pas pour rien que c'est le boss final de mon scénar ! "" C'est pas une raison... "" Moi je m'en fous, je liquide tout le monde avec mes flingues ! Au pire, j'enlève mon sous-tif ! "Bref, une partie de jeu de rôle des plus banales. Et alors que les quatre joueurs se chamaillaient, les vitres derrière Sébastien se brisèrent et volèrent en éclats à l'instant même où un sourd grondement déchira le ciel qui s'était vêtu d'un manteau d'une noirceur sans égale. Poussé par le vent produit par le choc, Sébastien tomba à la renverse, s'agrippant tant bien que mal à la table. Il se releva rapidement et les quatre amis regardèrent le ciel ténébreux qui se présentait à eux, comme s'il avait été invoqué par le mage noir lui même...
--- XVème siècles / Quelque part dans les Rocheuses ---La nuit était chaude. Le ciel était dégagé et affichait à tous les étoiles dont il s'était paré. Elles brillaient toutes d'un scintillement sans pareil, d'une lumière capable de guider n'importe qui plongé dans les plus sombres ténèbres.
Au milieu de la vaste plaine verdoyante se dressait un campement cheyenne. Au milieu des tippies, un gigantesque feu brûlait joyeusement. Ses flammes dansaient sans retenue, dans un crépitement mélodique. Tous les regards étaient plongés dans le brasier dansant, comme si ses flammes mouvantes les avaient envouté d'une valse rougeoyante. Le grand Chef semblait hypnotisé par le feu. Puis, sans en détacher son regard, il continua son histoire.
" Mais les Esprits rappelèrent aux Hommes qu'il fallait honorer la Nature. Car sans elle, ils tomberaient dans la déchéance la plus totale. "Toute la tribu se tourna vers lui. Au-dessus du campement, de fins nuages commençaient à faire leur apparition.
" Et les Hommes écoutèrent encore la voix de la sagesse. Enfin, pendant un temps. Car déjà, certains d'entre eux prenaient un autre chemin, délaissant les préceptes de leurs ancêtres. "Les chevaux dans leur enclos commençaient à s'agiter et à battre la terre de leurs sabots.
" Et au fil des années, le nombre d'Hommes à tourner le dos à la Nature augmentait considérablement, oubliant les vraies valeurs qui conduisent le cœur vers la sérénité. "Les fins nuages gris, dans le ciel étoilé, avaient laissé la place à d'épais nuages noirs qui semblaient tourbillonner lentement, se concentrant en un même point. Les bêtes se mirent à hennir et à se cabrer violemment, prises d'une peur sans nom. Toute la tribu se leva et se mit à regarder alentour ce qui se passait, pendant que certains allèrent calmer les chevaux. Mais le vieux Chef restait impassible, à regarder le feu danser une valse macabre.
" Le cœur des Hommes ne pouvaient être sauvés à présent. Et les Esprits s'évanouirent... Ils ne parleraient plus à l'Homme qui les avait oublié... "Au-dessus de la grande plaine, l'orage se levait.
" Et son cœur à tout jamais ne trouvera le repos... "Le tonnerre gronda dans un fracas assourdissant.
" Il plongera dans la perversité et ne saura en ressortir... "La foudre illumina à plusieurs reprises le ciel. Les nourrissons se mirent à pleurer. Les chevaux hennissaient. Les cheyennes s'affolèrent. Mais le grand Chef ne bougeait toujours pas.
" Et bientôt l'Homme regrettera la voie qu'il venait d'emprunter... "Et dans un grondement sans précédent, le ciel se brisa de toute part par le fracas de la foudre, libérant une lumière aveuglante qui effaça tout sur son passage...
--- 08 octobre 1986 / Hanford [ Californie ] ---23HOO. Le ciel était maintenant illuminé par de timides étoiles et une pleine lune bienveillante. L'air était encore chaud et les grillons rythmaient comme à leur habitude le début de la nuit sur Hanford.
Dans un terrain vague, une dizaine de voitures étaient garées face à un immense voile blanc. Kimberley et Jason était assis dans une Ford Mustang Cabriolet et sirotaient un coca cola. Entre les deux, trônait un cornet de popcorns encore chauds. Le bruit de la boisson aspirée couvrait de temps à autre le chant des insectes nocturnes. Kimberley fixait Jason de ses yeux plein de mascara.
" Je suis si heureuse d'être ici avec toi Jas ! "Il sourit à la façon d'un mec qui se prend pour un canon et passa sa main dans ses cheveux plaqués par du gel ou autre chose...
" Ouai moi aussi Kim. C'est d'enfer de se retrouver là, tous les deux, dans ma bagnole... "Elle ne répondit rien d'autre qu'un rire niais. Bientôt, le voile blanc s'éclaircit et des images apparurent dessus.
" Ho j'espère que le film ne fait pas trop peur !!! "" T'inquiète bébé, je suis là moi ! "Les minutes passèrent. Jason voulut prendre une poignée de pop-corns mais rencontra la main de Kimberley qui faisait de même. Ils se regardèrent mielleusement mais le jeune garçon tourna rapidement le regard pour se re-concentrer sur le film. Elle fut déçue mais en fit de même. Soudain, elle se raidit et attrapa machinalement la main de Jason.
" Hoho ! Tu as peur ? "" Ces créatures me fichent la trouille ! Elles sortent de nul part et elles sont affreuses ! "" Héhé ! T'en fais pas bébé. Elles ne sortiront pas de l'écran et... "A cet instant précis, un grondement déchira le ciel tout entier et éclaira tout le terrain vague et même bien plus loin encore. Le son des grillons s'arrêta tout de suite et tous dans leur voiture levèrent les yeux vers la voute céleste qui semblait se fendre de toute part, traversée par d'innombrables éclairs.
Les pailles qui aspiraient les sodas se décollèrent des lèvres grandes ouvertes. Tous étaient ébahis face à un tel spectacle qui semblait surnaturel. Kimberley était horrifiée de ce qu'elle voyait. Son souffle s'accélérait. Elle serra sa main sur celle de Jason au point d'en enfoncer ses ongles dans sa chair. Ce dernier ne ressentait rien tant sa stupeur était grande. Le tonnerre s'était arrêté. Le fond de l'air était lourd. On entendait plus que les hurlements provenant du film. Quand tout à coup, un grondement assourdissant explosa dans une lumière aveuglante qui s'étendit à des kilomètres à la ronde et dans laquelle les corps des spectateurs s'enfoncèrent sans laisser de trace...
Et vous...que faisiez-vous quand cela vous est arrivé...?