~ Fiche d'identité ~
Nom : Nakamura
Prénom : Okuni
Surnom : Izumo no Okuni
Âge/Date et lieu de naissance : 20 ans, née en l’an 1 de l’ère Tenshô (1573), à Matsuo
Appartenance historique : l’ère Tensho puis l’ère Bunroku (à partir de 1592)
Profession : miko au Sanctuaire d’Izumo (dédié au dieu Ōkuninushi-no-mikoto)
Langue(s) parlée(s) : japonais
~ Apparence ~
Elle a des cheveux longs châtains foncés, si bien qu’ils paraissent pratiquement noirs. Son front toujours dégagé, on s’attarde souvent sur ses yeux profonds. Elle a une taille plus grande que la moyenne, ce qui lui confère des mouvements très gracieux, appréciés de son entourage. Elle sait qu’elle peut en jouer divinement bien pour séduire son public… Au temple, elle revêt le plus souvent la tenue cérémonielle, et à l’extérieur, des tenues de plus en plus excentriques avec les années… On l’a connait dans tout le village pour cela.
Pour ses représentations de danse, elle se déguise très souvent en homme.
~ Caractère ~
Okuni se découvre avec les années une volonté de plus en plus prononcée. Elle court vers sa vingtième année avec des rêves et des envies pleins la tête. Elle sent que son époque devient de plus en plus noire pour les femmes, qu’elles se retrouvent de plus en plus limitées à être de simples épouses ou des filles en passe de le devenir, leur entourage et la société ne leur renvoyant que cette possibilité d’avenir.
Ce sentiment réveille en elle une envie d’expression, presque d’explosion… Seulement, elle maîtrise mal les mots et l’écriture. Bien sûr, elle a reçu une bonne éducation, mais la plume ne lui convient pas, les mots ne sortent pas… Mais lorsque qu’elle donne des représentations de miko-maï, elle sent monter en elles nombreux désirs, des images parcourent son esprit, et son corps ne cesse de vouloir les exprimer : sa vision des choses, des bouts de vies, des actes, des histoires d’amour que l’on croit banales mais qui pourtant peuvent s’exprimer avec une telle ardeur… ! Ou encore, exprimer l’érotisme sans retenu.
Alors Okuni cherche à s’améliorer, à quitter de plus en plus la danse classique telle qu’on la connait, pour étonner, captiver, conter… Elle ne sera plus miko, mais danseuse, elle l’a décidé.
~ Petite anecdote du personnage ~
Ce jour-là, le prêtre du temple qu’elle servait, tout comme d’autres membres de sa famille, lui avait demandé d’interpréter une danse en l’honneur du Bouddha Amida. La cérémonie ne devait pas avoir lieu au sanctuaire, mais en ville. Elle avait réfléchi plusieurs jours sur la façon d’honorer ce Bouddha de Lumière Infinie… Ses idées étaient claires. Okuni savait que ce n’était pas ce que le prêtre attendait d’elle quand il lui avait demandé de préparer cet événement, mais elle était bien décidée à jouer ainsi.
Sans costume encore, elle répétait sa chorégraphie, accompagnée de quelques musiciens au koto. A peine avait-elle commencé, que son courtisan de toujours entra discrètement, pour ne pas déranger la répétition. Il s’appelait Ryûtarô, et cela faisait bon nombre d’année qu’il avait tenté d’avoir la main d’Okuni. Sa famille ne la forçait pas, pour le moment, et la jeune femme avait toujours refusé, prétextant son devoir et son envie de continuer à être miko dans ce sanctuaire. Alors, au fil du temps, ils étaient simplement devenus amis, confidents. Ryûtarô devait être celui qui la connaissait le mieux. Maintenant, il était marié, mais pensait toujours autant à elle. Il savait qu’Okuni n’était pas dupe, elle en profitait même de cette situation en se jouant souvent de lui. Et pourtant, il revenait toujours… juste en tant qu’ami.
Okuni avait remarqué sa présence, mais mena sa chorégraphie jusqu’au bout. Au fil de sa danse, le visage de son ami devenait de plus en plus blême… Il connaissait les envies théâtrales d’Okuni, mais là… Lorsque la miko s’arrêta, il avait porté la main à sa bouche. Okuni le toisait une main sur la hanche, légèrement essoufflée.
« Quoi… je suis si formidable que cela, Ryuu-kun ? »« … ôte-moi un doute, veux-tu… Tu interprètes un homme, là, non ? »« Oh, tu l’as remarqué ! Je suis contente ! Mais ça n’a rien de si exceptionnel, je t’assure que d’autres danseuse le font parfois sur scène. »« Je te l’accorde. Mais je doute que ces danseuses aient la même fonction de miko que toi, ni qu’elle s’adonne… à de tels mouvements »Okuni faisait mine de ne pas comprendre, et congédia les musiciens qu’elle ne manqua pas de remercier. Puis elle pris un linge, pour enlever son maquillage qu’elle avait fait léger pour la répétition.
« Okuni… dis-moi que tu ne feras pas ça le jour de la cérémonie »« Pourquoi répèterais-je, alors ? Tu as beaucoup d’humour aujourd’hui, Ryuu-kun !! »« Mais tu simulais le….. enfin CET acte, Okuni !! La folie t’a-t-elle donc définitivement envahi ?! Tout ce que tu vas parvenir à faire, c’est offusqué le prêtre et l’assistance !»La miko planta son regard dans le sien, plus sérieuse que jamais.
« Je ne compte manquer de respect à personne. Ce n’est pas parque je décide d’interpréter le nembutsu odori de façon… érotique, que je dénigre le Bouddha de lumière. Au contraire… cet homme qui parle par mon corps, prie ce dieu tout juste après une relation amoureuse. Il est capable de le faire, parce qu’il a compris, par cet acte physique, ce qu’était la lumière… Il veut le crier par sa prière !! Ne penses-tu pas que l’amour est un fragment de ce que représente ce dieu ? Je suis navrée que tu ne puisses comprendre cela. »Ca y est, elle était fâchée… Ryûtarô soupira. C’était inutile de discuter plus longuement sur ce sujet : elle n’en ferait de toute façon qu’à sa tête.
« Si le sanctuaire ne veut plus de toi après cela, je pourrais toujours te prendre comme amante » dit-il d’un ton désabusé.
« Tu n’auras pas à le faire… Après la cérémonie, il a été décidé que je partirais en tournée pour recueillir des fonds pour le temple. »« … pour combien de temps ? »« Ca… »Ryûtarô sentait une grande tristesse l’envahir, sans pouvoir vraiment l’exprimer clairement. Partir ainsi était une coutume assez répandu, il n’y avait pas de quoi se désespérer… Mais il entendait dans la réponse d’Okuni comme un adieu… Perdu dans ses inquiétude de ne pas la revoir de si tôt, il n’avait pas senti la miko l’enlacer dans son dos.
« Ne sois pas triste… Je deviendrais si célèbre avec ma troupe, que tu entendras bien vite reparler de moi… »« Alors c’est ce que tu souhaites vraiment… danser ainsi ? »Okuni ne répondit pas tout de suite, il connaissait la réponse. Elle profitait de son dos large et sécurisant. Un homme pour lequel elle avait hésité à renoncer à son rêve quelques instants, il y a de cela pas si longtemps… Un homme pour qui elle aurait pu devenir une femme comme les autres.
« C’est tout ce que j’ai, Ryû… Il n'y a que toi qui puisse le comprendre... »Quelques jours après, la cérémonie eue lieue, et Okuni effectua la même chorégraphie. Il y eu d’abord des réactions comme l’avait prévu Ryûtarô, mais d’autres aussi, muettes… La peur de dire qu’ils avaient trouvé cela fabuleux, tellement proche ce qu’était la réalité du peuple, et joué à contrario d’une manière si clinquante ! Totalement déroutant.
Okuni rejoua cette scène lors de sa tournée, et elle eut de plus en en plus de succès. La troupe s’agrandissait d’admirateurs, et Okuni était plus épanouie que jamais, répandant ses chorégraphies novatrices de plus en plus loin.
Le jour arriva où le sanctuaire d’Izumi lui demanda de rentrer, mais elle refusa, continuant néanmoins à envoyer de l’argent au temple.
~ Moment de dernière minute avant le phénomène ~
- 1593 – Kyoto –La foule attendait impatiemment sur les rives de la Shijogawa que la troupe démarre la représentation. Certains étaient venu parce qu’ils aimaient toutes ces couleurs vives, la beauté des mouvements et des interprétations ; d’autres trouvaient tout cela bien trop extravagant et cacophonique, mais les rumeurs de leur succès les avaient attirés, pour simplement « être de la partie ». On les appelait les kabukimonos…
Personne n’avait pu manquer le chemin de fleur qui rejoignait la scène. Il était exceptionnel, captivant : le symbole de cette troupe. Bientôt, ils apparaîtraient tous par ce hanamichi pour aller sur scène…
Dans les coulisses montées de façon très simples pour cette représentation en plein air, Okuni réajustait son costume. Elle a avait veillé à ce que son maquillage soit parfait, cette fois encore… Et comme avant tout entrée en scène, son cœur faisait tout pour sortir de sa poitrine. Une excitation pure, qui lui était nécessaire. Sans elle, jamais elle ne pourrait danser comme elle le faisait.
Puis les musiciens se mirent à faire cingler les premières notes : Okuni s’élança avec deux autres acteurs sur ce théâtre qu’elle avait créé au fil des mois…
Hier, elle avait fêté ses 20 ans. Sans Ryûtarô… ce n’était pas arrivé depuis des années. Une journée bien nostalgique, malgré les efforts de la troupe pour fêter dignement cet événement. Etre ainsi ne lui ressemblait pas. Elle comptait sur le spectacle d’aujourd’hui pour regagner en vigueur, sans quoi ça ne serait qu’une bien piètre danse, sans envie, sans cœur… non. Ce serait une insulte à tout ce qu’elle avait jusqu’à aujourd’hui, à tous les gens qui partageaient maintenant son quotidien… une troupe qui vivait de sa passion, sans s’inquiéter de rien d’autre.
En marchant sur le chemin de fleur, elle oubliait déjà l’assistance, pour ne plus sentir que son corps et ce qu’il lui dictait. Elle fut une des seules personnes à ne pas se rendre compte de ce qui arrivait. La lumière aveuglante était déjà aux portes de la scène quand enfin elle reprit conscience… pour la perdre l’instant suivant.
Sujet: Izumo no Okuni 
Mer 14 Jan - 20:20
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